TISSER L'ORIGINE
Pourquoi vouloir se présenter ici, en mettant de côté ma discrétion habituelle ?
Pourquoi partager ce qui pourrait rester dans le champ de l’intime ?
Sans doute parce qu’il me semble nécessaire de raconter la raison d’être de mes 2 pratiques complémentaires : design Origine & COCREALAB.
Sans doute parce que le fil rouge, que je tisse chaque jour, trame joyeusement la nature profonde de ce qui me constitue depuis l’enfance.
Sans doute aussi parce que, aujourd’hui plus qu’hier, je comprends la nécessité de partager ma quête de cohérence et de justesse entre mes postures de femme, mère, designer et céramiste.
Mes activités professionnelles font profondément écho à mes cheminements personnels.
Ainsi, je fais le vœu que ces quelques mots posés sur mes (appren)tissages puissent aussi nourrir vos propres réflexions sur les trajectoires sensibles et les rencontres !
Emilie
DES TRACES ET DES PAYSAGES EN MÉMOIRE
©Davy Jourget
J’ai grandi dans un univers tourné vers l’art et la nature, particulièrement grâce à mon environnement familial.
Cette période, teintée de joyeux moments d’échanges et d’expérimentations individuelles et collectives, m’a particulièrement appris à découvrir ma créativité et à la nourrir.
Elle a aussi facilité mon approche de la coopération et le FAIRE ENSEMBLE.
Enfin, elle m’a offert le temps précieux de l’exploration et du voyage, ici et là.
- Mes incursions dans l’atelier professionnel de mon père typographe / peintre en lettres, à Lyon.
Observer, attentivement et discrètement, mon père qui peignait finement à la main des lettres magnifiques, pour la création d’enseignes, d’affiches, de faire-parts, …
Et puis composer et imprimer sur sa presse des textes harmonieux, à l’envers, grâce à ses vastes collections de caractères en métal et en bois ; - Nos séjours familiaux réguliers, en Saône-et-Loire.
Passer tout notre temps dehors à gratter la terre du jardin, à planter trois graines et espérer récolter dès le lendemain, à nous créer des imaginaires avec la matière organique à disposition, à équeuter et à mettre en conserves les haricots.
Assister joyeusement à la traite des vaches, matin et soir, chez le fermier voisin.
Tourner avec nos petits voisins à vélo dans notre hameau et pédaler à toute allure pour acheter la grande miche de pain au bourg du village ;
- Nos visites d’expositions (et leurs soirées-vernissages).
Savourer le plaisir des retrouvailles joyeuses avec les copains fidèles, la «sacrée bande des Beaux-Arts » de mon père, et arpenter les musées des territoires où nous nous déplacions en toutes saisons ; - Les dimanches jusque très tard le soir, au sein d’une famille d’amis architectes et artistes.
Investir notre temps d’enfants à dessiner, à peindre, à découper, à assembler des matériaux, à superposer des motifs, à remplir de couleurs des rouleaux de papier sans fin…, pour tapisser l’ensemble des murs, le sol et le plafond de la pièce de la maison qui nous était consacrée et où les adultes n’étaient pas autorisés à s’inviter…
Du saucisson, du pain, du vin, des discussions philosophiques entre adultes à n’en plus finir, des jeux de carte et de société, des «bœufs » avec les instruments de musique, et des blagues avec les grands !
- Nos vacances d’été, généralement sous tente, dans une grande liberté de mouvements et d’activités entre petits et grands enfants, au cœur d’une nature très préservée ;
- Nos pauses en itinérance, pour observer les paysages, les situations de vie, parfois avec un carnet de croquis, et toujours pour que notre père puisse dessiner selon ce qui l’inspirait…
- Puis les camps d’été à l’âge adolescent, et finalement l’encadrement de camps de jeunes à l’international, parfois en itinérance à pied ou à vélo, et toujours en grande autonomie en pleine nature, loin de l’intensité estivale des territoires touristiques !
Aujourd’hui, en m’appuyant sur :
- ma formation initiale en Design Produit, notamment aux Beaux-Arts de Nancy et de Saint-Etienne,
- ma formation continue en céramique,
- et ma pratique professionnelle depuis plus de 25 ans de ces disciplines très ouvertes mais exigeantes,
je souhaite pouvoir transmettre mes apprentissages et mes découvertes et partager ce plaisir immense de l’intelligence des mains dans la terre !